Suite aux résultats de l’étude ELFE : Lettres à l’intention des ministres de la santé et de l’écologie
Madame Ségolène Royal Ministre de l’Ecologie
Madame Marisol Touraine Ministre de la Santé
Paris, le 9/12/16
Mesdames les Ministres,
Santé Publique France a publié le 7 décembre les résultats de l’étude ELFE « Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011. —Tome 1 : polluants organiques ». Il s’agit principalement de substances chimiques considérées comme des perturbateurs endocriniens : bisphénol A, phtalates, polybromés, dioxines, perfluorés, certains pesticides…Cette étude menée auprès de 4145 femmes enceintes ayant accouché en 2011 confirme une contamination générale des femmes enceintes et est donc très importante pour juger du risque lié aux perturbateurs endocriniens.
Les conclusions de SPF minimisent ces résultats au motif que les concentrations mesurées sont « globalement inférieures à celles observées dans les études antérieures françaises et étrangères » et surtout que « la présence de ces polluants dans l’organisme de la mère n’implique pas nécessairement d’effet néfaste pour sa santé ou celle de l’enfant ». Cela revient à considérer que les perturbateurs endocriniens sont des substances comme les autres ce qui va à l’encontre de la science actuelle comme viennent de le réaffirmer les 100 scientifiques spécialistes des PE qui ont signé la pétition « Halte à la manipulation de la science » à destination de la Commission Européenne.
L’Endocrine Society, société qui fait autorité au niveau international, a réaffirmé en octobre 2015 que « les PE agissent selon une relation dose-réponse non linéaire, avec des effets à faibles doses principalement pendant la phase de développement”. Outre que “La période de la grossesse est la période critique”, cette déclaration rappelle les graves conséquences de cette exposition sur la santé de l’enfant et du futur adulte : “ Il y a un fort niveau de preuve au plan mécanistique et expérimental chez l’animal, et épidémiologique chez l’humain, notamment pour les effets suivants : obésité et diabète, reproduction chez la femme et l’homme, cancers hormono-dépendants chez la femme, cancer de la prostate, effets thyroïdiens, neurodéveloppementaux et neuroendocriniens. “
L’exemple du bisphénol A est particulièrement éclairant puisque SPF aboutit à considérer que la population des femmes enceintes est exposée à une concentration moyenne 300 fois plus faible que la norme. Or cette norme allemande repose sur les études fournies par l’industrie chimique pour nier la toxicité du BPA à faible dose, études qui sont contredites par la quasi-totalité des études publiées sur la question. Par contre, cette analyse ne tient pas compte des données animales qui montrent des effets à ce niveau d’exposition ni des études publiées par l’agence fédérale américaine des Centers for Disease Control (CDC) qui montrent que ce niveau de contamination est associé à des taux élevés d’obésité, de diabète, d’hypertension et d’artériopathie (voir annexe).
Il est inacceptable qu’une agence de sécurité sanitaire se réfère dans ses jugements à un modèle largement désavoué par les données de la science actuelle. L’ANSES a su au contraire prendre ses distances avec ce modèle.
La France a su définir une position en rupture avec celle de l’industrie et prendre des mesures d’interdiction dans les biberons puis dans les contenants alimentaires qui en font le pays leader en matière de perturbateurs endocriniens en Europe. La Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens adoptée en avril 2014 a retenu comme objectif principal la diminution de l’exposition de la population sans faire référence à une quelconque valeur seuil.
Nous vous demandons de convoquer une réunion de suivi de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens pour examiner les résultats de l’étude Elfe qui viennent d’être publiés.
Nous vous prions de croire, Mesdames les Ministres, en l’expression de notre haute considération
André Cicolella
Président du Réseau Environnement Santé
Annexe :
Le BPA est retrouvé chez 74 % des femmes enceintes dans l’étude française. La moyenne est de 0,69 µg/l , mais pour 5 % des femmes le niveau est supérieur à 5,28 µg/l.
S’agissant des études expérimentales, la déclaration de Chapel Hill en 2006 résumait les effets sanitaires liés au BPA : “cancer du sein, cancer de la prostate, diabète de type 2 et obésité, atteinte de la reproduction (abaissement de l’âge de la puberté), problèmes neuro-comportementaux…. ”. Ceux-ci peuvent survenir chez l’animal exposé pendant la gestation à des niveaux correspondant aux niveaux mesurés en France.
S’agissant des effets chez l’adulte, les études menées aux Etats Unis par l’agence fédérale américaine CDC à partir des résultats de l’enquête NHANES (cette étude a servi de modèle à l’étude française ELFE) montrent que ce niveau de contamination correspond par rapport au groupe le moins contaminé à une multiplication par 4 du taux d’artériopathie, par 3 du taux de diabète, par 2 du taux d’obésité, d’hypertension et de syndrome métabolique.
REFERENCES
Executive Summary to EDC-2: The Endocrine Society’s Second Scientific Statement on Endocrine-Disrupting Chemicals. Gore AC et al Endocr Rev. (2015)
Chapel Hill bisphenol A expert panel consensus statement: integration of mechanisms, effects in animals and potential to impact human health at current levels of exposure. vom Saal FS et al Reprod Toxicol. 2007 Aug-Sep;24(2):131-8
Etudes sur le BPA issues du programme NHANES de l’agence fédérale américaine CDC
Relationship between urinary bisphenol A levels and prediabetes among subjects free of diabetes. Sabanayagam C, Teppala S, Shankar A.Acta Diabetol. 2013 Aug;50(4):625-31
Urinary bisphenol A and obesity in U.S. children.Bhandari R, Xiao J, Shankar A.Am J Epidemiol. 2013 Jun 1;177(11):1263-70.
Bisphenol A and Metabolic Syndrome: Results from NHANES.Teppala S, Madhavan S, Shankar A.Int J Endocrinol. 2012;2012:598180.
Urinary bisphenol a levels and measures of obesity: results from the national health and nutrition examination survey 2003-2008.Shankar A, Teppala S, Sabanayagam C.ISRN Endocrinol. 2012;2012:965243.
Bisphenol A and peripheral arterial disease: results from the NHANES.Shankar A, Teppala S, Sabanayagam C.Environ Health Perspect. 2012 Sep;120(9):1297-300.
Urinary bisphenol A and hypertension in a multiethnic sample of US adults. Shankar A, Teppala S.
J Environ Public Health. 2012;2012:481641.
Relationship between urinary bisphenol A levels and diabetes mellitus.
Shankar A, Teppala S. J Clin Endocrinol Metab. 2011 Dec;96(12):3822-6.
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Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens
Agir contre les PERTURBATEURS ENDOCRINIENS : L’affaire de tous
75% des Français sont favorables à une interdiction générale par la loi des perturbateurs endocriniens.
C’est ce que le RES demande. Mais sans attendre cela, chacun peut agir dès maintenant.
La ville : en choisissant des produits d’entretiens sans perturbateurs endocriniens, en éliminant les pesticides pour la gestion des espaces verts, en développant les cantines scolaires bio, les écocrèches…
Les professionnels de santé : en choisissant des dispositifs médicaux sans perturbateurs endocriniens.
Les associations : en diffusant l’information et en agissant auprès de la grande distribution et des industriels.
Les citoyens : en faisant des choix de consommation éclairés.
Pour protéger notre santé et celle des générations futures
Pour protéger notre santé et celle des générations futures Maladies cardio-vasculaires, cancers, obésité et diabète, asthme et allergies, troubles du comportement et de la reproduction… Nous sommes face à une véritable épidémie de maladies chroniques. Mais, il n’y a pas de fatalité car elles sont liées à notre environnement, et notamment à l‘exposition aux PE. Ils représentent en effet une cause majeure de dégradation de notre santé sur laquelle il est possible d’agir rapidement et efficacement. Il y a urgence, car les perturbateurs endocriniens impactent aussi la santé des générations futures.
Pour protéger la biodiversité
Quelques exemples
Pour protéger la biodiversité Quelques exemples Chez les grenouilles : depuis 1980, 32% des races sont éteintes et 43% sont en déclin. Exposées à une eau à 0,1µg/l de pesticide atrazine, 60 % des grenouilles deviennent hermaphrodites (présence des 2 sexes). Pourtant une eau est considérée comme potable si elle contient moins de 0,1 µg/l de pesticide… Chez les poissons, les PE féminisent les mâles et, dans la baie de Seine, par endroits, certaines espèces de poissons n’ont même plus de mâles.
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ECOD : UNE VIDÉO A NE PAS MANQUER !
Le partenariat entre le RES et le mouvement mutualiste vise à sensibiliser les acteurs de santé au constat de l’épidémie des maladies chroniques mais aussi et surtout aux solutions existantes et à imaginer ensemble pour les prévenir.
Dans le cadre de ce partenariat, nous avons développé une vidéo de 7 minutes “Environnement Chimique, constat et solutions”, véritable outil de prévention, qui vous permettra de :
– Comprendre le lien Environnement Chimique, Obésité et Diabète
– Connaitre les actions de terrain de prévention des maladies chroniques
• dans une Ecolo-crèche,
• un centre de soins (membre du C2DS),
• l’expérience de biomonitoring en Ile-de-France,
– Découvrir la volonté politique affichée d’aller + loin en matière de prévention des Maladies Chroniques.
[kad_youtube url= »https://www.youtube.com/watch?v=Xhc7T4ntBrc » ]N’hésitez pas à diffuser la vidéo autour de vous !
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Colloque Environnement Chimique Obésité Diabète
Depuis 30 ans, la proportion de personnes atteintes d’obésité et de diabète n’a cessé d’augmenter à l’échelle mondiale. En France, ce fléau joue un rôle important dans l’augmentation des dépenses de santé, ce qui plaide en faveur d’un renforcement de l’approche préventive de ces pathologies.
Or, de nouvelles données scientifiques amènent aujourd’hui à reconsidérer l’analyse classique de cette épidémie et donc les moyens de lutter contre celle-ci. C’est ce qui ressort du rapport publié sur ce sujet par le Réseau environnement santé et la Mutualité Française en mars 2012.
Au constat d’un déséquilibre entre une alimentation trop riche et une dépense énergétique trop faible, il convient désormais d’ajouter le rôle joué par l’environnement chimique, et en particulier par les perturbateurs endocriniens qui sont susceptibles de modifier le contrôle hormonal du métabolisme glucido-lipidique.
Dans la continuité de ce rapport, la Mutualité Française et le RES ont organisé un colloque à l’Assemblée nationale ouvert au public, aux acteurs de la recherche et de la santé, aux acteurs politiques et aux médias.
Retrouvez toutes les informations concernant cette journée :
– le programme de cette journée
– le communiqué de presse – bilan
» Retrouvez les enregistrements audio de cette conférence :
Introduction Étienne Caniard / André Cicolella
Les maladies métaboliques : Constats actuels
Présentation du Pr. Arnaud Basdevant
Présentation du Pr. Anne Dutour-Meyer
Présentation du Pr. Serge Hercberg
L’émergence d’un nouveau facteur de risque : les PE
Présentation du Dr. Gilles Nalbone
Présentation du Pr. Claudine Junien
Présentation du Pr. Robert Barouki
Présentation du Dr. Rémy Slama
Aspects économiques et réglementaires
Présentation du Dr. Jean-Martin Cohen-Solal
Présentation du Dr. Pierre Mignen
Présentation de Yannick Vicaire
Évolution des pratiques en promotion de la santé
Introduction de Monique Augé + Présentation du Dr. Olivier Toma
Présentation de Claire Escriva
Présentation de Philippe Perrin
Présentation du Dr. Philippe Richard
Présentation du Dr. Laurent Chevallier
Conclusion
avec le soutien de
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