« Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants » (OMS 2002)

Qu’est-ce que c’est ? Un perturbateur endocrinien est une substance chimique qui perturbe le système hormonal. Ce dernier associe plusieurs de nos organes dans la sécrétion et la fine régulation des hormones qui constituent de véritables messagers chimiques indispensables au développement et au bon fonctionnement du corps. Les perturbateurs endocriniens ont des effets néfastes sur les processus de synthèse, de sécrétion, de transport, d’action ou d’élimination des hormones. Ils peuvent, selon leur type, altérer le taux d’hormones dans le sang, les imiter, les bloquer ou encore modifier la quantité d’hormones envoyée aux organes. L’équilibre de ce système est très fragile, c’est pourquoi les dérèglements que les perturbateurs endocriniens entrainent dans notre corps peuvent avoir de très lourdes conséquences. En particulier, dans les premières étapes de la vie, nos hormones jouent un rôle très important dans le développement physiologique de l’individu : les impacts des perturbateurs endocriniens sur le foetus, le nourrisson, ou l’enfant en croissance peuvent s’avérer irréversibles.

Les perturbateurs endocriniens : qui sont-ils ?

Il est utilisé dans la fabrication des plastiques en polycarbonate (petit électroménager, lunettes, cd…) et des résines époxy employées comme vernis interne des boites de conserves, canettes ou couvercles, mais aussi dans les canalisations d’eau, les cuves alimentaires et viticoles, les tickets de caisse et dans certains composites dentaires.

Il est interdit dans les biberons depuis le 1er janvier 2011 à la suite de la campagne du RES « Stop BPA ».

Le BPA imite les œstrogènes, hormones sexuelles féminines. Il peut favoriser l’apparition du diabète, des troubles cardiovasculaires, des troubles du comportement et augmenter les risques d’infertilité (puberté précoce, diminution du nombre de spermatozoïdes, augmentation des risques de défiance sexuelle).

Les phtalates sont utilisés principalement comme plastifiants des plastiques, en particulier du polychlorure de vinyle (PVC). On les retrouve dans les câbles électriques, revêtements de sols et muraux, mobilier, gadgets… Ils sont aussi employés dans les produits cosmétiques (rouges à lèvres, vernis, crèmes, parfums…) et dans les produits de santé et de soin (médicaments, dispositifs médicaux).

Les phtalates interfèrent avec la testostérone, hormone sexuelle masculine. Ils peuvent provoquer la féminisation des fœtus males, des troubles du système de reproduction, de l’obésité et des cancers du sein et des testicules.

Grâce à leur activité antibactérienne et antimycosique, les parabènes sont des conservateurs très répandus. Appliqués sur la peau, ils peuvent pénétrer dans le corps, perturber le fonctionnement de plusieurs hormones et sont susceptibles de provoquer des atteintes à la fertilité et à l’activité métabolique.

Les perfluorés sont utilisés dans les revêtements anti-taches et hydrofuges. On les retrouve dans les moquettes, canapés, textiles et vêtements imperméables et respirants. En alimentaire, ils sont présents dans les emballages de fast-food, la vaisselle papier jetable et dans les revêtements anti-adhésifs des poêles et ustensiles de cuisine. Les PFC sont devenus des polluants omniprésents dans l’environnement et peuvent persister dans notre organisme pendant des années. Les PFC sont associés aux impacts suivants : atteintes à la reproduction, troubles comportementaux, obésité, défenses immunitaires amoindries…

On estime qu’environ la moitié de nos aliments présentent des résidus de pesticides et que notre assiette nous expose en moyenne à une vingtaine de ces pesticides perturbateurs endocriniens quotidiennement. Un exemple : le prochlorza, un fongicide, entraine des troubles de la reproduction et du comportement chez la descendance de l’individu exposé.

Changement de paradigme scientifique des Perturbateurs Endocriniens :

Les perturbateurs endocriniens (PE) agissent selon un mode d'action foncièrement différent de celui des autres substances. Nous ne pouvons plus nous référer au paradigme de Paracelse du 16ème siècle "La dose fait le poison" concernant les PE.
Dans son rapport de 2009 « Endocrine-Disrupting Chemicals », l’Endocrine Society détaille les différents points caractérisant les effets des perturbateurs endocriniens sur l’espèce humaine et sur la biodiversité :

  1. La période d’exposition fait le poison
  2. Les effets peuvent être plus forts à faible dose qu’à forte dose
  3. Latence entre l’exposition et l’effet
  4. Effet cocktail
  5. Effets transgénérationnel

Dans le 2nd rapport d’octobre 2015 « Second Scientific Statement on Endocrine-Disrupting Chemicals », l’Endocrine Society a examiné la littérature scientifique depuis 2009 et conclu qu’il existe un fort niveau de preuve sur le plan expérimental chez l’animal et épidémiologique chez l’humain démontrant une relation entre l’exposition aux perturbateurs endocriniens et le développement de l’obésité et du diabète, des problèmes de reproduction chez la femme et l’homme, des effets thyroïdiens, des effets neurodéveloppementaux et neuroendocriniens.

L'Endocrine society explique que les connaissances d’aujourd’hui sont assez fortes pour reconnaître que les
perturbateurs endocriniens affectent l’interaction gène-environnement et engendre des altérations épigénétiques. Ce rapport rappelle aussi que les perturbateurs endocriniens agissent selon une relation dose-réponse non linéaire, à de faibles doses principalement pendant la phase de développement.

[1]Diamanti-Kandarakis E et al., « Endocrine-Disrupting Chemicals: An Endocrine Society Scientific Statement », 2009.
[2]A. C. Gore et al., « EDC-2: The Endocrine Society’s Second Scientific Statement on Endocrine-Disrupting
Chemicals », Endocrine Reviews, décembre 2015.

Agir contre les perturbateurs endocriniens – Pour des villes & territoires sans perturbateurs endocriniens

Campagne lancée en 2015 pour protéger notre santé et celle des générations futures et la biodiversité.
Elle fait suite à l’adoption en avril 2014 de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens.
Sur le terrain, des collectivités s’engagent dans une démarche « sans perturbateurs endocriniens »
. Au quotidien, le Réseau Environnement Santé les accompagne autour de 5 axes d’actions (repris dans la CHARTE Villes & territoires sans perturbateurs endocriniens) :

01

Interdire l’usage

des produits phytosanitaires et biocides qui contiennent des perturbateurs endocriniens (ainsi que des substances classifiées comme cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR)) sur leur territoire en accompagnant les particuliers, les propriétaires de zones et d’établissements privés désirant appliquer ces dispositions.
02

Réduire l’exposition

aux perturbateurs endocriniens dans l’alimentation en développant la consommation d’aliments biologiques et en interdisant l’usage de matériels pour cuisiner et chauffer comportant des perturbateurs endocriniens.
03

Favoriser l’information

de la population, des professionnels de santé, des personnels des collectivités territoriales, des professionnels de la petite enfance, des acteurs économiques de l’enjeu des perturbateurs endocriniens.
04

Mettre en place

des critères d’éco conditionnalité interdisant les perturbateurs endocriniens dans les contrats et les achats publics.
05

Informer

tous les ans les citoyens sur l’avancement des engagements pris.
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